Dans un contexte où le risque écologique nous colle à la peau, plusieurs nous parlent du grand désordre actuel du monde et de la montée des menaces tout à la fois locales et internationales : celle des populismes, celle du terrorisme, celle de la crise des réfugiés, celle des conflits armés….. Serait-il trop tard est même devenue une question que des experts et un certain nombre d’organisations se posent honnêtement (Villeneuve 2013) ? Le tout dans un moment de creux historique d’un projet de société qui s’appuierait sur la reconstruction du collectif pilonné par une forte individualisation des problèmes comme des solutions. En période aussi de différences internes à première vue à tout le moins irréconciliables au sein des forces sociales et politiques de gauche. Elles évoluent en rangs dispersés, semblent quelque peu désorganisées et assez souvent « angéliques » sur des questions-clés comme celle de la place des religions dans l’espace public [1]. Comment ne pas désespérer !

En d’autres termes avançons-nous uniquement sur le chemin de la régression !? Peut-être pas ! Mais un premier danger nous guette : si on ne souligne pas ce qui avance, on désespère tout le monde. Or des centaines de milliers d’initiatives ont surgi et changent le monde depuis trois décennies un peu partout sur la planète (Manier, 2016). Elles sont peu connues, mal connues, sous-estimées. Il y a donc un intérêt certain à faire le tour de ces initiatives. Mais un second danger nous guette, celui de rester au ras des pâquerettes en ne risquant pas de les caractériser et de les critiquer, autrement dit de montrer leurs points forts mais aussi leurs points faibles, leurs limites. Présentation et analyse d’initiatives fortes, souvent inédites.

1.« Et si on changeait tout ! » nous dit la revue française Sciences humaines

Des initiatives «heureuses», il y en a partout. Elles pourraient tout changer ! C’est ce que nous dit la très sérieuse revue française Sciences humaines dans son numéro de janvier 2017 (numéro 288) tout comme l’ouvrage très fouillé de Naomi Klein (2015) qui disait déjà que « Tout peut changer !». Car il est permis de rêver d’alternatives à notre vie actuelle en société chez nous comme sur toute la planète. Ce à quoi se consacrent des millions de personnes dans des centaines de milliers de «révolutions tranquilles» à travers le monde comme nous le révèle également la journaliste française Bénédicte Manier dans son enquête menée pendant 10 ans et transformée en ouvrage (2012 réédité en 2016).

Signalons d’entrée de jeu que lorsque ces initiatives croisent de nouvelles utopies (celle de l’écologie politique), elles peuvent devenir des alternatives dans des quartiers et des villages mieux organisés et se donnant des assises économiques propres, de petites et moyennes entreprises locales et régionales (souvent collectives sous forme par exemple de coopératives). Ces initiatives servent de phares pour aller vers le refroidissement du climat, l’éradication des maladies, l’agriculture durable, le réenchantement du travail, la montée en puissance des énergies renouvelables dans les politiques publiques (à la manière danoise par exemple), etc.

Bien sûr, nous en sommes souvent réduits à la cause la plus élémentaire de la légitime défense de notre santé, de nos terres, de l’air, de l’eau et de nos communautés de plus en plus menacées face à ces nouveaux envahisseurs que sont les multinationales des énergies fossiles et de l’agrobusiness. Nous sommes de plus en plus agressés par de grands travaux dits stratégiques. En réalité qu’ont-ils de si stratégique? Rien! Ils nous plongent pour des décennies dans une économie du passé. Parfois les choses progressent dans la bonne direction à un certaine échelle comme le fait le Danemark qui met le paquet sur les énergies renouvelables.

En effet au Danemark, ce n’est pas leur indépendance par le pétrole qui inspire. C’est plutôt leur sortie du pétrole qui est stimulante car ce qui paraissait être une utopie il n’y a pas si longtemps s’est transformé en programme avec un plan de match [2] : a) fermeture des dernières centrales à énergie fossile; b) capacités éoliennes doublées; c) mesures de passage du transport routier de marchandises vers le transport par train ou bateau à la hauteur de 50%; d) réduction de 50% de la demande électrique dans l’habitat, etc. Pour en arriver à être à 100% dans le renouvelable à l’horizon 2050. Tous les acteurs engagés dans les énergies ont été mis à contribution, y compris les ingénieurs dont l’association a tenu 40 séminaires pour bâtir un modèle précis d’étapes à franchir pour y arriver. Le tout réalisé grâce à une série de plans successifs qui ont pris forme dès 1973, année du premier choc pétrolier. Quand la volonté politique s’y met !

Derrière tout cela, une direction et une perspective de transition vers une «biodiversité» de l’économie pour employer la pertinente expression d’un dirigeant du mouvement coopératif italien, Felice Scalvini, souvent repris dans mes plus récents ouvrages (Favreau 2017 ; Favreau et Hébert 2012 ; Favreau et Molina 2011). C’est aussi là-dessus que des économistes, sociologues et politologues de la revue Sciences humaines ont bossé. Nous allons nous y attarder en se posant une première question : avons-nous les moyens de changer le cours des choses ?

2. Avons-nous les moyens de changer le cours des choses?

Au final des initiatives fortes illustrées par le film Demain, le livre de Noami Klein ou de celui de Bénédicte Manier, on peut dégager trois lignes directrices qui les caractérisent et qui sont relativement nouvelles:
a) La lutte contre les inégalités sociales et la lutte pour une transition écologique, c’est le même combat. Les pays les plus socialement vulnérables, principalement au Sud, sont ceux qui subissent le plus l’injustice climatique;
b) Bon nombre des enjeux d’aujourd’hui se sont internationalisés : agriculture et alimentation, énergie et climat, pollution, accès à l’eau, habitat, sécurité alimentaire…
c) Le Québec et la planète de ces initiatives, avec l’angle d’entrée Nord-Sud, sont en phase dans de nouvelles formes de coopération de proximité qui donne lieu à des engagements qui ne sont plus seulement de l’ordre du développement social et du plaidoyer mais également de l’ordre de l’économie et de la transition sociale-écologique.

1. Une première caractéristique : des mobilisations dans lesquelles il y a une part d’inédit

Rencontre internationale 2010 [1]

[1] Un des panels de la Conférence internationale des coopératives organisée par le Conseil de la coopération et de la mutualité du Québec (CQCM) en présence de 600 délégués dont 25 conférenciers en provenance d’Europe, d’Afrique et d’Amérique latine. De gauche à droite : L. Favreau (CRDC), P. Beaudet (CDEC de Québec), R. Doré (CFP), Claire Bolduc (Solidarité rurale) et G.Larose (Caisse d’économie Desjardins). Voir le cahier spécial du Devoir : http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/296901/conference-internationale-du-mouvement-cooperatif-et-mutualiste-quebecois-une-economie-solide-repose-sur-la-diversite

 

Il y a une part d’inédit dans ces mobilisations auxquelles celles d’ici sont associés que ce soit les initiatives communautaires, coopératives, écologiques, syndicales ou de groupes de femmes. Ces initiatives très locales se sont en effet très souvent internationalisées. Elles sont présentes au Nord et au Sud. Elles sont présentes dans les villes comme dans les campagnes. Et grâce aux technologies des communications d’aujourd’hui, elles sont en contact les unes avec les autres, la révolution numérique ayant donné plus d’épaisseur à leur internationalisation. Sans compter que par l’intermédiaire de plusieurs de nos OCI des passerelles se sont bâties avec des organisations du Sud qui vont bien au delà de l’aide humanitaire.

2. Une deuxième caractéristique : leur commune origine, une mondialisation économique calamiteuse adossée à turbulences climatiques récurrentes

La commune origine de ces initiatives est d’affronter des pertes d’emplois, de vivre une pollution urbaine de plus en plus marquée ou des pénuries d’eau, la faim, la sècheresse qui tue les récoltes, des inondations…conduisant de plus en plus à des migrations obligées. Telles sont les conséquences directes d’une mondialisation économique calamiteuse (le «Tout au marché» prime!) et l’urgence écologique (perte de biodiversité, pollutions diverses et dérèglement climatique). Mais il y a plus : l’influence des grands lobbies des multinationales est telle que les États ont en grande partie abdiqué leur rôle de développeur et d’État social avec ce que cela comporte de régulations par des politiques publiques consistantes (en matière d’agriculture, d’environnement, de santé ou d’éducation…) permettant d’assurer les risques sociaux par une redistribution de la richesse et des mesures de protection contre les risques environnementaux.

3. Une troisième caractéristique : ces révolutions tranquilles témoignent d’une autre mondialisation en marche laquelle ne marque ni la fin des territoires ni la fin des mouvements sociaux

Ces initiatives nouvelles, moins portées par la revendication et la mobilisation dans la rue que par la construction d’alternatives ici et maintenant, sont une force en devenir. Contrairement à l’idée reçue dans certains réseaux, cette force témoigne non pas de la fin des mouvements sociaux historiquement constitués (syndicalisme agricole, mouvement ouvrier, mouvement coopératif…) mais plutôt leur transformation, leur renouvellement et leur jonction discrète avec ces «révolutions tranquilles» (Favreau et alii, 2010). La crise du communisme et de ses différentes versions a marqué la fin d’une vieille utopie fondée sur les espoirs d’un mouvement socialiste adossé à une doctrine, le marxisme-léninisme (monopole d’État sur la société, monopole d’État sur les médias, monopole du parti sur les mouvements sociaux). Mais l’émergence de nouvelles utopies fortement liées à l’écologie politique a surgi.

Il n’y a pas non plus de marqueur de la fin des territoires. Nous assistons plutôt d’une recomposition du développement local et régional autour du «plus durable» et du «plus intégré» dans ses aspects sociaux, économiques et environnementaux. Et ce qui est plus frappant : des lignes directrices communes au Nord comme au Sud, tant dans les milieux plus urbanisés que dans les communautés rurales, soit la prise en charge de l’urgence écologique autour de deux axes centraux : agriculture/alimentation/santé d’une part et énergie/climat d’autre part (Lipietz, 2012).

3. Ce qui est en devenir : changer d’échelle, sortir des limites du « Small is beautiful »

Nous avions décrit dans un [billet précédent->122] l’an dernier une vingtaine d’initiatives devenues avec le temps plus solides, reproductibles. Ces initiatives témoignent d’abord de cette capacité à agir en n’attendant pas tout des États et de leurs politiques. Chacun dispose de moyens d’agir pour changer le cours des choses. La communauté locale, la région et le gouvernement local sont souvent l’échelon d’action privilégié comme nous le montre Un million de révolutions tranquilles} qui a inspiré Demain. Cependant un des problèmes est que ces initiatives peinent à traverser les institutions, les médias et les partis politiques. Elles demeurent largement non institutionnelles. Dès lors, fédérer ces initiatives pour peser sur les politiques publiques représente un défi majeur de la période en cours. Small is beautiful… but it is not enough!

Poussons un peu plus loin la réflexion autour du changement d’échelle de ses initiatives, toujours très locales mais de plus en plus translocales. Le changement d’échelle de notre action collective est d’abord géo-social : l’action collective passe du local au national puis à l’international et vice-versa. Construire des projets plus ambitieux comme certains le font à partir bien sûr de leurs initiatives locales induit un travail qui se veut plus structurant et qui cherche à s’inscrire dans la durée. Dès lors il y a aussi le changement d’échelle quant au temps (1 an, 5 ans, 10 ans) qui aide à sortir de la seule intervention centrée sur le court terme et sur les besoins urgents. Nos organisations doivent inscrire leur travail dans une réflexion stratégique à l’échelle du temps. Avec un horizon collectif fait d’idées mais aussi de projets et de pistes de solutions.

hopkins2015-d1e9cUn certain nombre d’organisations initiatrices de ces révolutions tranquilles se questionnent sur les limites d’une des approches très présentes, celle de ne miser que sur le «bottom up». Elles se disent qu’il faut mettre de l’avant la construction de projets plus ambitieux (Hopkins, 2014), s’inscrire dans la démarche de mouvements sociaux qui désignent clairement leurs adversaires. Comme disent des militants plus expérimentés :

Que signifie en effet mettre au monde un jardin collectif bio, participatif et ouvert sur la communauté si après deux ans d’efforts, la municipalité décide d’occuper le terrain pour en faire un stationnement rendu supposément nécessaire pour une raison x ou y?

Bref une action collective plus solide et plus durable exige une plus grande maîtrise des rapports de force. Ces «révolutions silencieuses de transition» ne peuvent laisser sur les chemins de côté le débat politique et ce qui vient avec, un nouveau modèle économique comme ont tenté de le définir des composantes importantes du mouvement coopératif et syndical (Favreau et Hébert, 2012) et du mouvement communautaire (Favreau, 2017). Ce qui exige un changement d’échelle. Trois exemples illustreront nos propos : a) le mouvement 350.org; b) le mouvement paysan en Afrique de l’Ouest; 3) le Comité de sécurité alimentaire (CSA) au sein de la FAO.

Le mouvement 350.org : une campagne internationale pour désinvestir des énergies fossiles

Un mouvement parti des universités américaines propose aux grands actionnaires des entreprises de se défaire de leurs participations dans les énergies fossiles, charbon, pétrole et gaz….En Norvège, le plus gros fonds souverain au monde, assis sur 835 milliards d’euros d’actifs grâce à sa rente pétrolière, a entamé sa sortie des entreprises les plus néfastes pour le climat…Bref, grâce au mouvement lancé par l’ONG 350.org de plus en plus de villes, d’universités, de compagnies ou de fondations privées ou publiques renoncent à investir dans le gaz, le pétrole ou le charbon. Ce mouvement représente 3 200 milliards d’euros d’actifs.
http://www.lemonde.fr/cop21/article/2015/12/02/climat-le-desinvestissement-des-energies-fossiles-rallie-500-institutions-a-sa-cause_4822471_4527432.html

Le mouvement paysan d’Afrique de l’Ouest en lutte contre Monsanto et ses semblables

Accaparement des terres, accès à l’eau, disparition des semences paysannes : « mêmes causes, mêmes luttes » ont plaidé près de 300 organisations de quinze pays de la sous-région lors d’une caravane de mobilisation citoyenne et d’interpellation des pouvoirs publics. Au printemps dernier, elle a conduit durant un mois ses participants du Burkina Faso au Sénégal. Journal de bord de l’étape malienne.
Piro, P. (2016) : http://ccfd-terresolidaire.org/fdm/2016/294-juillet-aout-2016/des-paysannes-et-5841

Le Comité de sécurité alimentaire de la FAO, le CSA : l’exemple d’un dispositif de référence abouti d’une plateforme internationale

L’ONG la plus importante de France, CCFD-Terre Solidaire, appelle de ses vœux une gouvernance mondiale où les responsables politiques orienteraient les politiques et réguleraient les activités des acteurs économiques. Une gouvernance qui laisse toute sa place aux sociétés civiles comme lieu de contre-pouvoir et force de propositions. Chaque institution internationale doit faire en sorte que ces sociétés civiles soient consultées ou participent à la prise de décision et à l’évaluation des politiques. «Comme c’est le cas du Comité de Sécurité alimentaire de la FAO» d’ajouter le directeur général de cette organisation
https://ccfd-terresolidaire.org/fdm/2012/267-juin-juillet-2012/pour-une-autre
Voir aussi le site du CSA (sa plateforme et sa structure de consultation des organisations de la société civile): http://www.fao.org/cfs/cfs-home/about-cfs/fr/

 

4. La solidarité internationale québécoise change d’échelle au plan économique

Panel avec C.Dorion (DSI-CSN), M.Asselin (AQOCI), L. Favreau (FSS), A. Beaudoin (UPA DI) et Reynald Bourque (FSS) lors du RDV annuel du Fonds Solidarité Sud en 2015

 

L’AQOCI, regroupement québécois des organisations de coopération, est en voie d’introduire un nouveau paradigme dans ces interventions. Nous sommes dans un tournant de la coopération internationale au Québec tant du côté des politiques publiques que des orientations prioritaires de l’AQOCI. De quoi s’agit-il au juste? En voici quelques éléments :

a) La politique publique canadienne en matière d’«aide internationale» est en train de changer

Au niveau macro, la politique internationale du gouvernement fédéral a pris un tournant avec l’arrivée des Libéraux. Un bel exemple nous est fourni pour tout ce qui relève du développement du leadership des femmes dans des communautés du Sud. C’est devenu une priorité affirmée : les associations de femmes, leur autonomie économique, la consolidation de leur présence et de leur leadership dans des organisations mixtes, etc.

b) L’AQOCI prend le tournant de l’économie et celui de la concertation des OCI québécoises au Sud

Au niveau mezzo, celui de la coopération internationale de proximité, celle des OCI québécoises, il y a aussi un tournant: l’arrivée d’ici tout au plus un an d’un nouvel acteur, le Fonds d’investissement solidaire international du Québec, le FISIQ, un fonds de prêts dédiés à des projets socio-économiques d’organisations du Sud. Un nouveau paradigme fait son chemin: un système de prêts collectifs développé à partir d’une partie de l’épargne des OCI d’ici avec leurs partenaires du Sud. {{Du jamais vu en 40 ans}}. Hauteur anticipé: capital de 6 $ millions. Horizon de 35 000 emplois sur 10 ans; 40 partenaires au Sud; 25 OCI québécoises engagées dans cette co-construction. Les démarches financières sont en cours à tous les niveaux. De plus, l’AQOCI vient d’amorcer un inventaire des OCI membres et de leur ancrage au Sud pour sortir du travail dominant qui s’y fait, un travail en silo. Entreprendre des concertations sur un même pays par représente une avenue nécessaire.

Pour en savoir plus
Voir l’article L’épargne des OCI québécoises au service du développement du Sud

Et l’article du Devoir : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/458932/apres-cop-21-et-l-accueil-des-refugies-quelle-solidarite-internationale

En fait l’urgence écologique croise l’urgence de la solidarité internationale et le développement comme nous l’avons déjà écrit dans un article paru dans le Devoir (août 2016) http://www.ledevoir.com/politique/canada/476743/cooperation-internationale-pour-sortir-des-annees-de-plomb-du-gouvernement-harper Sur une planète où les défis ne se jouent plus uniquement sur le plan local et national, l’internationalisation des solidarités s’impose donc plus que jamais. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC, est formel : l’ensemble des pays du monde risque d’entrée dans un inconnu climatique. Et ce risque énorme pourrait nous arriver dès 2030 nous disent ces experts.

La question du climat : la solidarité à l’échelle de la planète s’impose dit le GIEC

Si nous voulons limiter le réchauffement climatique à 2 °C d’ici la fin du siècle, il nous faut des réductions radicales des émissions de gaz à effet de serre. Il faut même décarboniser totalement notre économie nous dit Youba Sokona, vice-président du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC). La solution pour éviter le pire, a fait valoir mercredi M. Sokona, passe par une décarbonisation de l’activité humaine, et en priorité du secteur de l’énergie, responsable de 35 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. « Il faut rapidement déployer des solutions. Et on voit qu’il y a une percée fulgurante des énergies renouvelables. Les coûts baissent radicalement. Donc, ces énergies offrent une belle perspective de décarbonisation. »
http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/507371/climat-les-engagements-des-etats-sont-nettement-insuffisants-constate-le-giec

Les mouvements sociaux se sont emparés du défi écologique

Les mouvements sociaux (coopératives, syndicats, associations communautaires, OCI et organisations d’agriculteurs), grâce en bonne partie aux écologistes, se sont progressivement emparés de cet enjeu, même si cette prise de conscience est à géométrie variable. Ces mouvements ne sont cependant plus seuls à vouloir occuper cet espace. Un capitalisme vert a émergé. Les assurances ont été le premier secteur du privé à sonner l’alarme. Puis a émergé un secteur privé directement engagé dans les énergies renouvelables. Et plus récemment certaines multinationales ont bien vu venir les pertes qu’ils encouraient si rien n’était fait : la multinationale Coca-Cola par exemple se sait menacée dans son approvisionnement en eau ou en canne à sucre par des évènements climatiques; Nike, présente par 700 usines dans 49 pays, a été affectée en 2008 par des fermetures d’usine dues aux inondations (Corine Lesnes, dans Le Monde et Le Devoir, 25 juin 2014). Sans compter certains leaders du monde des affaires qui s’inquiètent du réchauffement climatique (le rapport de l’ONU The New Climate Economy Report cité dans Le Devoir du 20 septembre et le rapport Risky Business du groupe Rhodium, cité dans Le Devoir du 28 juin dernier). De plus la Banque mondiale et l’OCDE y vont également d’un constat sur le risque écologique….Bref un même constat de gravité de la chose. Quant aux convergences…

Syndicats et coopératives travaillent ensemble dans le Sud

25e anniversaire de UPA DI où se croisent représentants de syndicats, d’OCI et de coopératives (en bas à droite : L. Beaulieu, pdg de Fondaction)

En effet s’entendre sur des solutions entre organisations et institutions ayant souvent des intérêts en grande partie opposés est une toute autre histoire. Retenons cependant, qu’à l’intérieur des mouvements, on assiste à certains rapprochements qu’on n’espérait plus. C’est notamment le cas des syndicats et des coopératives travaillant ensemble au Sud :

Syndicats et coopératives se retrouvent selon l’OIT (Pierre Laliberté, économiste au BIT)
Dans le monde entier, les syndicats et les coopératives se redécouvrent mutuellement et unissent leurs forces pour sauver des entreprises et des emplois. Une analyse de l’OIT.

Au Brésil, par exemple, le Syndicat des métallurgistes de l’ABC (SMABC) a réussi à sauver de la faillite la plus importante forge industrielle d’Amérique latine, Conforga, il y a plus de dix ans, en permettant aux travailleurs de devenir propriétaires de l’entreprise. Fort de cette expérience, il a ensuite aidé à établir la nouvelle Centrale des coopératives et entreprises solidaires.

… le Syndicat unifié des travailleurs de la sidérurgie (USW) aux États-Unis et au Canada a exploré avec l’idée du modèle hybride de «coopérative syndiquée», développé en partenariat avec la Fédération coopérative Mondragon, installée au Pays basque espagnol.
http://recma.org/actualite/renouer-les-liens-syndicats-et-cooperatives-se-retrouvent

Dossier à suivre. Prochains billets : 1) syndicalisme agricole québécois et solidarité avec les paysans du Sud; 2) Mouvements sociaux : une rétrospective des bons coups de 2017; 3) Le malaise des progressistes : les religions.

Repères bibliographiques

[1] Nous y reviendrons dans de prochains billets tout particulièrement sur un des malaises des progressistes de tout horizon, le malaise des religions, des migrations et de la diversité.