L’agriculture et l’alimentation est un enjeu qui nous concerne tous et toutes. C’est un enjeu quotidien que de se nourrir et de bien se nourrir. Qu’est-ce qu’on mange ? D’où vient ce qu’on mange ? Quels sont les effets positifs ou négatifs de ce que l’on mange ? Telles sont les questions récurrentes que l’on se pose aujourd’hui dans les suites de la crise sanitaire de la vache folle des années 1990 https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_de_la_vache_folle et bien d’autres folies liées à l’agriculture chimique imposée par les multinationales de l’agro-business, Bayer-Monsanto en tête. Parce que nous savons aussi maintenant plus que jamais les dégâts que peuvent causer des aliments transformés pour notre santé.

Ceci dit, il faut commencer par l’examen de la situation des agriculteurs québécois. Comment se présente-t-elle aujourd’hui ? D’entrée de jeu on peut parler d’une transition importante qui est en cours dans deux directions opposées : transition locale et internationale vers une agriculture encore plus chimique avec en tête le duo Bayer-Monsanto comme modèle dominant piloté par l’agro-business et quelques autres grandes multinationales tentant de nous faire croire que leur enjeu est de nourrir à terme 10 milliards d’habitants sur terre en 2050 OU une transition agro-écologique locale et internationale fondée sur une agriculture familiale au Nord comme au Sud.

En premier lieu, il faut défaire un mythe ou plus précisément un préjugé qui est extrêmement défavorable : les agriculteurs seraient les premiers responsables de la montée d’une agriculture industriellement intensive qu’ils défendraient supposément envers et contre tous. Faux ! Les agriculteurs ne pensent plus, ou en tout état de cause de moins en moins, comme il y a 20 ans ou même 10 ans. À cette époque aujourd’hui révolue, ils juraient par ce type d’agriculture qui était enfin génératrice de revenus convenables pour un bon nombre. Mais depuis un certain nombre d’années déjà, le doute s’est installé : le rapport de la Commission Pronovost a distillé de nouvelles questions, la survie économique de nombre de fermes est devenue plus criante, le stress des familles d’agriculteurs aussi, leur relation avec leurs communautés s’est en grande partie déliée d’autant qu’ils ont souvent été perçus comme premiers et principaux responsables de la pollution…Sans compter des agronomes dissidents qui ont commencé à parler. Bref il y a plus de questions que de réponses qui leur viennent à l’esprit.

Ce qui n’a pas manqué pas de rebondir au sein de leurs organisations, syndicats et coopératives agricoles. Avec quelques grandes questions socio-politiques incontournables pour celles-ci : comment sortir de l’engrenage pétrolier ? Comment freiner l’engrenage international de l’agro-business ? Comment aller vers une agriculture plus durable et plus territorialisée après 50 ans d’agriculture industriellement intensive dont on sent bien qu’elle a atteint ses limites ? Chose certaine, pas seulement en agriculture mais dans l’ensemble des mouvements sociaux au Québec, à des degrés divers, la ligne directrice qui prend forme va dans le sens de penser la transition écologique. En témoigne le Sommet de la transition énergétique menée par les syndicats, des groupes écologistes et des institutions financières syndicales et coopératives les 23 et 24 mai dernier. http://inm.qc.ca/transition/

Une agriculture plus durable et plus territorialisée : penser la transition écologique

L’agriculture québécoise et mondiale vit de grands chambardements : hausse des prix dans les pays du Nord et disettes dans les pays du Sud. Les émeutes de la faim de 2007 et 2008 n’étaient que la pointe de l’iceberg d’une crise alimentaire qui, à ce moment-là, s’est révélée majeure et mondiale. Le monde agricole a alors commencé l’accélération de son tournant : une recherche pour se réinventer ; un appel de certains de ses dirigeants pour renouveler leurs organisations ; se restructurer ; aller vers de nouvelles pratiques. Bref, tenter de se recomposer. Des réponses inédites ont surgi autour d’une vision renouvelée de l’agriculture familiale : dans les pays du Nord, après avoir vécu les limites d’une agriculture industriellement intensive, le mouvement des agriculteurs, y compris au Québec, s’inscrit désormais dans la recherche d’une agriculture familiale davantage plurielle, durable et territorialisée (Doucet 2017).

Cependant, considération stratégique déterminante dans cette équation, cette transition-là est impossible à réaliser si on ne sécurise pas d’abord le revenu des agriculteurs de ces 40 000 fermes familiales. Même chose pour la sécurité de revenus des 700 000 travailleurs québécois directement visés par la transition énergétique notamment dans les transports, dans la construction ou la rénovation de bâtiments, dans la transformation et la distribution d’énergie (étude présentée au Sommet).

On l’a bien vu dans les dernières décennies, la mondialisation a frappé de plein fouet un peu partout dans le monde et en premier lieu les agriculteurs et les travailleurs industriels (textile, métallurgie, papier…). Le Québec n’y a pas échappé. Ce qui a eu pour effet de fragiliser considérablement leurs revenus. Cela s’est répercuté au sein de la gauche politique canadienne par un fort clivage sur l’enjeu du dérèglement climatique et par extension sur la question de la transition socioprofessionnelle des travailleurs et des agriculteurs au sein du NPD, surtout dans l’Ouest. Comme je l’exprimais sur ma page Facebook lors de leur dernier congrès en avril 2016.

Penser la transition écologique et socioprofessionnelle des agriculteurs et des travailleurs du secteur manufacturier : le débat du congrès du NPD de 2016 nous y conduit
Le NPD a été coincé à son congrès d’avril 2016 à Edmonton entre le « Tout » s’il épousait le manifeste « Un bond vers l’avant » et le « Rien » s’il demeurait enferré dans les projets de pipelines manière NPD Alberta. L’entrée de ce manifeste au NPD fut une excellente chose. Mais la gauche n’avait pas fourni grand-chose de neuf sur un horizon de société qui prend au sérieux l’urgence écologique. Le NPD, parti historiquement enraciné dans la social-démocratie est pourtant le parti canadien le mieux placé pour faire ce débat qui ne fait que commencer. Reste que si la gauche canadienne du NPD avance dans la bonne direction, elle n’a pas encore réfléchi beaucoup sur la transition vers une économie verte : en agriculture, en gestion des forêts, en transport collectif, en énergies renouvelables. Et, dans le cas présent où des représentants de syndicats étaient bien présents, en matière de requalification de la main d’oeuvre directement concernée. Or tant qu’on ne verra pas une plateforme de propositions sur ces questions qui soit susceptible de créer une convergence des forces vives (écolos, groupes de femmes, syndicats et autres organisations de la société civile), on n’arrivera pas à faire le grand bond. Bref en même temps qu’un manifeste inspirant, il faut penser politiquement la transition qui ne se fera pas sans une alliance avec ces agriculteurs et travailleurs. Voir sur ce débat au sein du NPD l’article suivant : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/774994/npd-congres-petrole-pipeline-thomas-mulcair-rachel-notley

L’agriculture québécoise s’étant intensivement industrialisée pendant 50 ans, cela donne un portrait économiquement imposant et désolant tout à fois aux yeux de plusieurs : il a d’abord permis à un grand nombre d’agriculteurs de sortir de la misère (tout comme une partie des travailleurs engagés dans cette économie productiviste dans les grands secteurs manufacturiers en particulier). Cependant « le portrait n’était pas beau à voir. La progression de la monoculture et celle de l’industrie porcine en choquaient plus d’un. Un autre grand débat de société s’engagea sur fond de dislocation de la communauté de vues, entre ruraux et agriculteurs » décrit André D. Beaudoin (2016). Et l’auteur, lui-même producteur agricole, d’ajouter :

« Il est indéniable que le monde agricole québécois avait profondément changé au tournant des années 2000. En 100 ans, le Québec a perdu 60 000 fermes passant de 100 000 à 40 000. Le libéralisme économique était devenu réalité et le Québec avait accru sa capacité de produire. À titre d’exemple, en 25 ans à peine, la filière porcine était sortie de la marginalité et produisait plus de 7 millions de porcs, soit l’équivalent de la population québécoise de l’époque. Le Québec est devenu le deuxième plus grand producteur de maïs et le troisième producteur de soya au Canada. À elles seules, ces deux productions occupaient désormais 20 % des surfaces cultivables alors qu’il y a à peine 30 ans, elles ne faisaient pas partie du décor. »

En 2007, la Déclaration de Montréal sur la gestion de l’offre et la naissance de la Coalition sur la souveraineté alimentaire ont mis le syndicalisme agricole québécois et les autres composantes coopératives, syndicales et associatives engagées dans l’agroalimentaire (transformation et distribution) au diapason du mouvement international des agriculteurs autour de la notion qui fait désormais école, celle de souveraineté alimentaire.

À l’occasion de la dernière Journée d’audience de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois, le 7 septembre 2007, 42 organisations de la société civile du Québec et du Canada convenaient d’une déclaration intitulée « Pour un nouveau contrat social fondé sur la souveraineté alimentaire ». Quelques mois plus tard, la commission dite Pronovost, du nom de son président, déposait son rapport et y suggérait de soutenir les idées fortes de la souveraineté alimentaire…Cette déclaration, depuis appelée la Déclaration de Montréal, est en quelque sorte la déclaration de principe ayant conduit à la création de la Coalition pour la souveraineté alimentaire une année plus tard.
http://www.nourrirnotremonde.org/ScriptorWeb/scripto.asp?resultat=151028

Le syndicalisme agricole au Québec comme ailleurs dans le monde ont devant eux des blocages importants. Illustration de la chose à partir de ce qui se passe au Québec depuis un certain nombre d’années autour de trois défis : 1) le défi de l’occupation du territoire et en premier lieu celui de l’engrenage pétrolier ; 2) le défi de la transition agro-écologique en contexte d’agriculture industriellement intensive ; 3) le défi de l’agriculture familiale dans l’engrenage international de l’agrobusiness.

1. L’agriculture familiale québécoise dans l’engrenage pétrolier : le grand défi de l’occupation du territoire

Avec l’arrivée de l’exploration et de l’exploitation du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent à partir de 2010, la montée en flèche du transport de matières dangereuses et plus récemment le développement de nouveaux pipelines, le combat écologique est devenu central pour tous en commençant par les agriculteurs. L’évolution très rapide du paysage énergétique québécois et mondial de la dernière décennie force les producteurs agricoles à repenser substantiellement leur approche parce que les communautés et les régions du Québec – et l’agriculture en premier lieu – sont menacées par les énergies fossiles à une échelle jamais vue jusqu’à maintenant :

Des syndicats d’agriculteurs contre le projet Énergie Est
Tous les projets de pipeline nuisent aux entreprises agricoles et forestières, les agriculteurs sont soumis à un « stress important », leurs propriétés sont dépréciées, et ils sont exposés à un plus grand risque de nuisances et d’incidents, peut-on lire dans le mémoire. Dans le cas d’Énergie Est, 75 % du tracé passe dans des milieux agricoles en culture ou boisés, alors que les terres agricoles ne constituent pourtant que 2 % de l’ensemble du territoire québécois…« Nos membres sont parmi les plus affectés », a résumé le président de l’UPA…En cas de fuite ou de déversement, les nappes phréatiques et les sols pourraient être « contaminés à jamais » par l’oléoduc. Et « selon l’étendue que la fuite peut avoir, cela pourrait être catastrophique », a dit M. Groleau.
Le Devoir, 9 mai 2016

Dans le même ordre d’idées, les pétrolières des sables bitumineux de l’Ouest canadien avancent à grands pas avec le pipeline Trans Mountain tel que piloté désormais par le gouvernement fédéral, ce qui donne des idées aux provinces de l’est de relancer Énergie Est, projet colossal qui ferait couler au Québec chaque jour 1,1 million de barils de pétrole sur une longueur de plus de 700 km traversant un nombre important de terres agricoles et près d’une centaine de municipalités des deux rives du Saint-Laurent vers le Nouveau-Brunswick. Ce même pipeline, avec lequel nous serions appelés à vivre à risque pour les 40 à 50 prochaines années, le serait sur une grande partie de notre territoire dans les zones les plus habitées du Québec. Le pipeline traverserait également de nombreuses rivières majeures du sud du Québec mettant en péril l’eau potable en franchissant pas moins de 860 cours d’eau. Un déversement de produits pétroliers pourrait devenir une véritable catastrophe en matière de santé publique pour une partie importante de la population. Ce qui faisait dire au député de Jonquière, responsable des dossiers d’environnement au Parti Québécois, Sylvain Gaudreault : « Allons-nous devenir l’autoroute des énergies fossiles de l’Amérique du Nord ? »

De là découle que le combat écologique sur l’ensemble du territoire québécois est aujourd’hui devenu central et questionne le cœur même de notre modèle de développement et celui de nos communautés parce qu’Énergie Est, Trans-Mountain et tous les autres ne sont pas que des pipelines, c’est aussi un projet de société comme nous le fait valoir le sociologue Éric Pineault dans son livre Le Piège Énergie Est (2016 : 197) :

« Nous sommes entrés dans l’ère du pétrole extrême grâce au concours d’acteurs politiques et d’institutions complices… Tout cela prend la forme d’un projet collectif, repose sur l’action collective publique (l’État) et privée (les sociétés monopolistiques)… Sortir du pétrole est donc un projet collectif qui implique de mobiliser nos institutions… Nous avons les outils collectifs à portée de main pour initier cette sortie… »

Avec les communautés visées par l’exploration du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent, une lutte s’est engagée dès 2010 et a été gagnée par l’obtention d’un moratoire quelques années plus tard. Mais l’exploration du schiste, qui est pour le moment au ralenti, vient d’être relancé non seulement au plan médiatique par Irving au N.-B. mais par l’entreprise albertaine Questerre sur la rive sud du Saint-Laurent entre Montréal et Québec. Pour l’instant Lotbinière et Bécancour sont dans la mire. Cette exploitation à plus grande échelle, telle que déjà projetée par les pétrolières, menacerait pas moins de 16 000 terres agricoles selon les journalistes Foisy et McEvoy (2011) dans les milieux les plus populeux du Québec et sur un territoire de permis d’exploration détenus sur 16 000 km2 :

« L’entreprise albertaine n’est pas la seule à s’intéresser au potentiel en gaz de schiste du Québec. Selon les données du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, les entreprises du secteur des énergies fossiles détiennent près de 16 000 km2 de permis d’exploration entre Montréal et Québec, de part et d’autre du fleuve Saint-Laurent. »
Source: A. Shields, Le Devoir, 10 février 2017.) [1]

Tragédie de Lac-Mégantic, en juillet 2013

C’est sans compter le transport de pétrole par trains : 220 wagons chargés de brut albertain vont voyager chaque jour sur les voies du Canadien National (CN) passant par Montréal vers Saint-Bruno, puis Mont-Saint-Hilaire, Saint-Hyacinthe et Drummondville, en longeant l’autoroute 20, puis Lévis et plus loin en passant en plein cœur de Rivière-du-Loup, Trois-Pistoles et Rimouski. Pour mémoire, rappelons-nous que la tragédie du Lac-Mégantic est directement liée à cette montée en puissance du transport par trains. Dans le même ordre d’idées, l’offensive « gaz naturel » d’Énergir (ex-Gaz Métro) est en porte-à-faux. Ce n’est pas une énergie de transition mais bien un combustible fossile qui « nous enfonce dans l’avant-transition » pour reprendre les mots de la coordonnatrice du RVHQ, Carole Dupuis, dans une infolettre du regroupement (avril 2018).

Sortir des énergies fossiles s’impose plus que jamais. Laissons sous terre notre pétrole et notre gaz de schiste nous disent les organisations mobilisées sur cet enjeu tandis que de plus en plus de coopératives agricoles et de syndicats régionaux de l’UPA disent que des alternatives existent : il faut exploiter le biogaz, une énergie renouvelable provenant de la biométhanisation des résidus agricoles et de la forêt et des déchets de table récupérés à cet effet (le bac brun) et aller vers l’éolien citoyen piloté par des municipalités en collaboration avec des associations locales (coopératives et groupes communautaires).

Laisser les énergies fossiles dans le sol, n’est-ce pas une faute contre l’économie et le bon sens !?

Pour en finir avec ce type d’affirmation tronquée, quatre arguments sont généralement convoqués :

  1. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a déjà confirmé il y a quelques années le trop-plein de ces énergies d’ici 2050 et non sa pénurie ;
  2. Il faut considérer que les technologies du captage et du stockage du CO2 sont peu fiables et non maîtrisées ;
  3. L’exploitation de ces énergies est de plus en plus coûteuse et dangereuse ;
  4. Finalement et surtout un moratoire généralisé pourrait libérer les financements nécessaires à une solide transition écologique. Dès lors, les énergies renouvelables se substitueraient aux énergies fossiles plutôt que de s’additionner à celles-ci.

Voilà donc la toile de fond qui explique l’opposition qui s’est généralisée quant à l’exploitation du gaz de schiste en zone agricole :

« Les compagnies ont tous les pouvoirs, même l’expropriation. Quels sont les pouvoirs qui nous restent pour négocier ? » se questionne Pierre Lemieux, vice-président de l’UPA. Selon l’Union, la menace d’expropriation risque de forcer les propriétaires à négocier « à rabais » si jamais le gouvernement refuse d’exclure la zone agricole du développement des hydrocarbures. (Thierry Larivière, Terre de chez nous, 17 août 2016.)

Et, comme si le tableau n’était pas suffisamment menaçant, l’agriculture québécoise doit aussi mener la lutte contre l’accaparement des terres par des fonds d’investissement privés.

Sur l’enjeu énergétique, nombre d’organisations convergent : a) du côté des coopératives, la Coop fédérée s’est donné une politique de développement durable consistante et Desjardins a créé une politique de placements qui encouragent les membres à faire des placements sans énergies fossiles (parmi d’autres, la Caisse d’économie solidaire Desjardins) ou encouragent les énergies renouvelables (en dépit de son placement aberrant de 135 millions $ pour Trans Mountain difficilement justifiable et auquel se sont opposées plus de 35 caisses) ; b) du côté des organisations syndicales, on s’est opposé au développement des pipelines comme Énergie Est et aujourd’hui à celui de Trans Mountain en exigeant des gouvernements des mesures de soutien à la transition socio-professionnelle des travailleurs directement concernés par une perte d’emploi (formation qualifiante) ; c) les fonds de travailleurs ont également une politique de développement durable qui va même jusqu’à dire qu’il faut en arriver à « retirer tous nos investissements au sein d’entreprises qui œuvrent dans le secteur des énergies fossiles » affirmait récemment Geneviève Morin, chef de l’investissement chez Fondaction. Cela pourrait être, à titre d’exemple, au bénéfice du Fonds Biomasse initié en 2015 par Fondaction en collaboration avec la Fédération québécoise des coopératives forestières, actrice de premier plan dans la production de cette biomasse (Le Devoir, cahier spécial Finance, 2 octobre 2016). Sans oublier bien sûr les organisations écologistes qui sont des alliées proches dans ce type d’initiatives. Le Sommet des 23 et 24 mai dernier qui réunissait tout ce beau monde est venu confirmer le diagnostic déjà établi dans plusieurs travaux de la CRDC dès 2012 (Favreau et Hébert 2012).

2. L’agriculture familiale et l’alimentation : le 2e grand défi du syndicalisme agricole, la transition agro-écologique

Chez les producteurs agricoles du Québec, les valeurs qui président aujourd’hui à leur action collective sont de différents ordres et beaucoup plus complexes qu’auparavant. Néanmoins, il existe un dénominateur commun aux agricultures familiales d’ici et de par le monde selon ce qui s’est dégagé d’une importante rencontre internationale à Québec en 2014, la Rencontre des Amériques sur l’agriculture familiale, organisée par UPA DI conjointement avec la FAO. L’agriculture familiale est :
– Une activité économique génératrice de revenus pour « bien vivre » ;

  1. Une agriculture soucieuse de la protection de l’environnement des communautés où elle a ses ancrages ;
  2. La qualité de ses produits doit être en phase avec les nouvelles exigences de citoyens et de consommateurs avertis ;
  3. L’agriculture familiale est une activité économique qui a une finalité sociale, celle de la santé de ses communautés.

Le socio-économiste français, Jean-Michel Sourisseau du CIRAD, un centre de recherche international en agriculture durable, proposait à cette rencontre de mieux définir l’agriculture familiale par-delà la grande diversité de celle-ci dans le monde, celle du Québec et de la France comme celle du Sénégal ou du Pérou. Il avançait une série de critères tels que 1) la provenance de la main d’œuvre ; 2) la provenance du capital : 3) la destination de la production (les familles, les marchés de proximité, les marchés internationaux de niches) ; 4) le statut foncier et 5) le statut juridique. Définie de cette façon, l’agriculture familiale tant des producteurs québécois que péruviens s’y retrouve. Dans cette perspective, l’agrobusiness porteur du modèle dominant de production nord-américain ne suit pas car il mise plutôt sur 1) le capital intensif ; 2) la seule production par filières très spécialisées ; 3) une technologie réductrice de main d’œuvre ; 4) la délocalisation de la production, etc.

L’important dénominateur commun des agricultures familiales
« Ce n’est pas seulement la production d’un bien marchand, mais aussi un bien social
et de liens sociaux, de paysage et d’environnement ».
Source : Rencontre des Amériques sur l’agriculture familiale (Québec, 2014).

L’arrivée d’un nouveau concept, celui d’agriculture écologiquement intensive

Il y a une agriculture biologique qui, depuis les années 1970, a fait ses marques et a parcouru une longue route comme l’illustre l’expérience de la Ferme familiale des Sanders dans les Cantons de l’Est :

« Dans les années 1970, Russel Pocock a utilisé sa bourse d’études de 10 000 $ pour acheter une terre dans les Cantons de l’Est. Sans aucune formation en agriculture, il se lance, avec sa compagne, dans la culture maraîchère biologique. Quarante ans plus tard, la ferme Sanders, située à la frontière du Québec et du Vermont, vend 90 % de sa production aux États-Unis par l’entremise de la Deep Root Organic Coop. Cette coopérative regroupe la vente des produits de quinze producteurs ».
Source : la rencontre des Amériques sur l’agriculture familiale, 2014

L’agriculture biologique aujourd’hui au Québec, ce sont 1 668 fermes auxquels il faut ajouter plus de 250 fermes en transition et 8 906 produits certifiés :

« Cette croissance est menée par les acériculteurs qui font du sirop bio, les maraîchers et les producteurs de grandes cultures qui se convertissent à l’agriculture biologique, explique l’agronome Jean Duval, directeur du Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité. « C’est un mouvement de masse », dit-il ».
Source : La Presse, 26 février 2017. Article de Stéphanie Bérubé

La progression en cours s’explique aujourd’hui par le fait que c’est devenu de plus en plus rentable et qu’un certain nombre d’agriculteurs en ont assez des pesticides. De plus, de petites fermes québécoises de proximité participent d’un mouvement nord-américain des marchés publics. De même un certain nombre d’entreprises, comme Bonduelle, un géant des légumes surgelés, sont devenues les destinataires des produits bio de ces fermes. Puis, il y a les producteurs de légumes en serres (y compris en milieu urbain comme les fermes Lufa à Montréal), des fermes qui font du lait bio… Et en amont, des institutions financières désormais ouvertes à leur prêter. Y figure également un soutien public par un programme spécifique et des mesures favorisant la transition (sans être cependant à la hauteur requise). En aval, les consommateurs sont en demande, surtout de jeunes familles. Sans compter des jeunes de plus en plus nombreux à étudier en agriculture dans une perspective de développement durable. Bref une partie de l’avenir est là.

L’agriculture industriellement intensive cherche aussi de son côté une transition vers autre chose. En effet, des agriculteurs québécois cherchent à se sortir du cercle vicieux de ce type d’agriculture qui a atteint ses limites : 1) capitalisation excessive ; 2) dépendance à l’égard des multinationales de l’agrobusiness ; 3) pollution de l’environnement, etc. Un bon exemple : celui des 1 200 agriculteurs du Saguenay réunis dans la coopérative Nutrinor  :

Une vieille coopérative agricole, Nutrinor, travaillant de concert avec quelques coopératives forestières, s’est engagée dans un développement durable. Ce fut la bonne surprise de ma visite au Saguenay en 2011. Nutrinor fêtait ses 60 ans. Nutrinor en chiffres de cette année-là, c’est 1 200 membres, des agriculteurs et près de 400 employés avec un chiffre d’affaires de 312 millions $. Ces revenus sont tirés de l’agroalimentaire, de l’énergie, des matériaux et des fournitures. Son actif : 82 millions $. Sa production : 23 millions de litres de lait transformés annuellement, 12 millions d’œufs, 55 000 tonnes de grains, 97,5 millions de litres d’essence (26 stations d’essence Sonic) vendus. Nutrinor est la troisième en importance au Québec et la douzième au Canada.

Cela étant dit, Nutrinor met 6 millions $ par année en recherche et développement. Le président d’alors, Yvan Morin, affirmait lors de ma visite : « Les projets que nous mettons de l’avant visent à relancer l’agriculture régionale ». « Les activités d’Alcan et d’Abitibi Consol sont en décroissance. L’agriculture peut prendre la relève ». De son côté Frédéric Lebrun, coordonnateur du département Innovation, développement durable, bioénergies gère une entreprise de récupération qui expédie quelque 750 000 litres d’huiles alimentaires usées transformées en biogaz. De plus Nutrinor achemine maintenant une grande partie de ses produits par train plutôt que par camion. La coopérative a aussi été l’instigatrice de Val Éo, une coopérative de production d’énergie d’un parc éolien.
Article de Louis Favreau : http://www.oikosblogue.com/?p=16220

L’exemple de Nutrinor illustre bien les transformations en cours du monde agricole québécois. L’avenir n’est jamais sûr ou garanti d’avance, mais il est permis de penser que ce type d’initiatives poursuivra sa progression dans la prochaine décennie. Certes trop lentement aux yeux de plusieurs. Mais si on ne signale pas ce qui progresse de façon bien réelle, on désespère le monde d’avancer dans cette direction.

En d’autres termes, dans les deux dernières décennies, le développement durable et solidaire des communautés rurales et de leur agriculture, par toutes sortes d’initiatives locales d’agriculteurs et d’agricultrices, a amorcé un ensemble de petites révolutions silencieuses qui ne laissent pas indifférente l’UPA et encore moins UPA DI dans son travail avec des organisations paysannes dans le Sud (Favreau, 2018).

Il y a donc d’un côté, la transition progressive de grandes entreprises coopératives comme Nutrinor, elle-même inscrite dans un mouvement généralisé de la Coop fédérée qui regroupe une centaine d’entreprises sur tout le territoire. Et de l’autre, des initiatives de l’agriculture biologique à petite échelle, des fiducies foncières communautaires, des systèmes alternatifs de vente plus directe comme ceux issus du commerce équitable et de l’agriculture de proximité de petits marchés publics de producteurs, des jardins communautaires en milieu urbain et même des villes en transition (Doucet, 2017). D’où les notions d’« économies de proximité », d’« agriculture écologiquement intensive » (Griffon, 2006) et de « révolutions silencieuses » de la journaliste Bénédicte Manier (2016).

3. L’agriculture familiale québécoise dans l’engrenage international de l’agrobusiness : oser l’exception agricole pour sauver la gestion de l’offre

Au sein du syndicalisme agricole québécois, il est courant d’entendre dire que l’agriculture, pour ce qui est des centres de décisions, a déplacé son centre de gravité du Québec vers Ottawa et finalement de plus en plus vers Genève (OMC). C’est effectivement la tendance principale qui s’est dessinée en contexte de montée en puissance des multinationales de l’agro-business et de leurs lobbies. Ce que nous confirme Paul Langelier qui a travaillé plus de 20 ans en agriculture ici et dans les pays du Sud :

La fin des années 1990 marque un important tournant international pour le monde agricole et pour l’agriculture en général. Au Québec, à cette époque, on voyait de plus en plus que les politiques agricoles échappaient au gouvernement québécois, échappaient même au gouvernement canadien et se déplaçaient vers Genève à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les organisations d’agriculteurs tant au Nord qu’au Sud se sentent alors menacées par les politiques néolibérales avancées par l’OMC. Un courant naît au sein de l’UPA pour conclure à la nécessité de jouer à fond la carte internationale. UPA DI qui connaît bien le Sud devient alors l’interlocuteur pour l’ouverture de discussions avec d’autres pays (Favreau, 2018 : 36-37)

C’est dans cette nouvelle dynamique que l’UPA a fait son chemin vers une politique de souveraineté alimentaire c’est-à-dire une politique s’appuyant sur les fondements du droit des populations et de leurs États à définir leurs propres politiques en matière agricole et alimentaire. Et, c’est précisément pour cette raison que la défense de la gestion de l’offre garde aujourd’hui toute sa pertinence (Bégin et alii, 2016). En fait, l’UPA a rapidement saisi l’enjeu qui venait avec la nouvelle étape franchie par la mondialisation néolibérale et son institution internationale la plus forte, l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Pratiquement, à partir de 1995, les politiques agricoles vont s’inscrire en marche forcée vers des marchés de plus en plus mondialisés. Ce sont les exportations à l’initiative des multinationales de l’agroalimentaire qui vont occuper de plus en plus l’essentiel du terrain. Dans un tel contexte, la gestion de l’offre est un garde-fou, un rempart dont on peut difficilement se priver, car elle protège l’agriculture québécoise face aux importations.

L’agriculteur saguenéen Raymond Rouleau campe bien l’argumentaire qui vient avec cette menace :

Oser l’exception agricole pour sauver la gestion de l’offre
La libéralisation des marchés n’a pas livré les promesses d’augmentation de la richesse. Visiblement, l’application du principe de « l’avantage comparatif » favorise la formation de grands conglomérats incapables de s’autoréguler où les seuls intérêts financiers priment au détriment des considérations environnementales, sociales et humaines…

… La mobilisation des créateurs et producteurs sur la culture stimulée par le leadership de Pierre Curzi, alors président de l’Union des artistes, combinée aux efforts de Louise Beaudoin et de Liza Frulla, qui ont assumé le leadership de la classe politique et celui des relations internationales a abouti. Il en est résulté une entente signée par 121 pays et l’« ensachement » de l’exception culturelle dans des lois internationales… Il semble bien qu’un ensemble de conditions soient aussi réunies afin de concrétiser un mouvement semblable dans le domaine agroalimentaire… La Terre de chez nous, 6 avril 2016, Raymond Rouleau, producteur en serres du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

En guise de conclusion

Reste que répondre à cette menace sur la gestion de l’offre, soutenir les nouvelles initiatives de transition vers une agriculture plus durable et sortir de la crise que nous traversons ici et ailleurs dans le monde exigeront des mobilisations fortes. Il faut compter tout à la fois sur le redéploiement des économies de proximité, sur le renouvellement des coopératives agricoles et sur celui du syndicalisme agricole de même que sur des politiques publiques qui peuvent fournir des aides à la transition agroécologique comme de l’économie en général.

Repenser le lien ville et campagne fait partie de la nouvelle équation

La majorité des Québécois sont coupés de l’agriculture depuis des générations. Il n’est pas exceptionnel de voir des familles québécoises qui doivent remonter très loin en arrière, trois ou quatre générations, pour retrouver leurs racines rurales. Nous sommes devenus depuis très longtemps des urbains et pour beaucoup des urbains de grandes villes. Cette coupure a, à bien des égards, des conséquences importantes : 1) notre imaginaire de développement et de progrès ne se conçoit à la limite que par le seul prisme de la grande ville mondialisée ; 2) dans un univers où l’aménagement du territoire est conçu de manière telle qu’on se retrouve avec des pertes d’autonomie alimentaire dans les villes et un déficit de circuits courts et de commerces de proximité dans l’économie de la transformation et de la distribution alimentaires. Et même, dans certains cas, des déserts alimentaires dans les quartiers populaires de ces grandes villes.

Pas étonnant qu’on retrouve depuis plus ou moins une décennie, dans ces mêmes centres urbains, des initiatives d’agriculture urbaine qui ne sont plus des initiatives marginales. Elles sont même de plus en plus internationales, présentes et actives au Nord comme au Sud :

L’approche des Initiatives de Transition (anciennement Villes en Transition) a été créée il y a à peine une décennie (2006) dans la ville de Totnes, au Royaume-Uni, afin que les citoyens puissent se mobiliser et mettre en place des solutions pour faire face à la crise écologique et sociale telle qu’elle se manifeste dans nos villes. L’approche permet de créer des communautés plus résilientes. Il existe aujourd’hui près de 700 Initiatives de Transition à travers le monde, dont une quarantaine au Canada. Parmi la quarantaine de canadiennes figurent en bonne place les initiatives de la région de Montréal d’ailleurs en pleine expansion. (Favreau, 2017 : 96-99)

Dans cette perspective le lien ville et campagne devient un espace stratégique de transition sociale-écologique comme l’exprime bien l’économiste en chef de l’Agence française de développement (AFD) et directeur au CNRS, Gaël Giraud, dans une entrevue avec l’OCI Terre solidaire (2016) :

La réarticulation des territoires urbain et rural est un sujet fondamental. Les 30 glorieuses ont alimenté un imaginaire du développement et du progrès essentiellement urbains. Pourtant une ville n’a aucune autonomie alimentaire, elle a donc besoin d’un arrière-pays rural, puissant et riche qui la nourrit. Cette réarticulation consiste à favoriser une agriculture diversifiée capable d’alimenter, via des circuits courts, des petits centres urbains, très denses, innervés par des transports publics. C’est le nouvel aménagement du territoire qu’il faut penser d’ici les 30 prochaines années. Lorsque l’opportunité politique se présentera d’engager cette transformation écologique et sociale, alors il faudra être prêt. La société civile peut jouer un rôle majeur en préparant le terrain de ce renouveau.

En d’autres termes, le filon directeur qui émerge présentement en agriculture au Québec comme au plan mondial, c’est la transition écologique et sociale de l’économie et de toutes les facettes de notre société : sortir des énergies fossiles, soutenir le développement d’une agriculture écologiquement intensive adossée à une gestion durable des forêts, accoucher d’une mise en œuvre solide de l’électrification des transports, multiplier les efforts de développement des énergies renouvelables, penser une écofiscalité qui a des dents, etc. C’est l’enjeu citoyen du 21e siècle qui croise développement socioéconomique et défi écologique et fait donc appel à une nouvelle Révolution tranquille dans tous les secteurs en commençant par l’agriculture. La lutte séparée avec d’un côté des « écolos » et de l’autre des « socioéconomiques » ne tient plus la route parce que nous sommes tous devenus malades de notre environnement. Derrière l’urgence écologique se dévoile un enjeu pour la santé de milliers de communautés (eau potable) et pour la conservation de milliers de terres agricoles. Partant de là, le réchauffement climatique devient un enjeu compréhensible pour beaucoup plus de monde, car il n’est pas isolé des problèmes quotidiens de santé publique et communautaire.

Pour en savoir plus

  • Beaudoin, A. (2016), L’agriculture québécoise, le froment de toute une génération dans Mondialisation, Défis pour l’humain. Publié par le GIFRIC, Québec.
  • Bégin, S., Y.Turmine et Y.Patelli (2016), Une crise agricole au Québec, VLB éditeur, Montréal.
  • Doucet, C. (2010). Agricultures, souveraineté alimentaire et coopératives : les enjeux. Carnet de la CRDC
  • Favreau, L. et M. Hébert (2012), La transition écologique de l’économie. Contribution des coopératives et de l’économie solidaire, PUQ, Québec. http://www.puq.ca/catalogue/livres/transition-ecologique-economie-2414.html
  • Favreau, L. (2017), Mouvement communautaire et État social : le défi de la transition sociale-écologique, PUQ, Québec. https://www.puq.ca/catalogue/livres/mouvement-communautaire-etat-social-3236.html
  • Favreau, L. (2018), Syndicalisme agricole québécois et citoyenneté : du local à l’international. Éd. CRDC et UPA DI, Université du Québec en Outaouais (UQO), Gatineau, http://w4.uqo.ca/crdc/
  • Griffon, M. (2006). Nourrir la planète, Paris, Éd. Odile Jacob.
  • Manier, B. (2016), Un million de révolutions tranquilles. Comment les citoyens changent le monde. Éd. Les liens qui libèrent, Paris.
  • Pineault, E, (2016), Le piège Énergie Est, sortir de l’impasse des sables bitumineux. Éd. Écosociété, Montréal.

Trois références sur la notion syndicale de transition juste

Référence avec une mention spéciale

  • Doucet, C. (2017). Modèle agricole territorial en émergence au Québec : Le cas de la région de l’Outaouais. Thèse de doctorat en sciences sociales appliquées, Université du Québec en Outaouais (UQO), Outaouais. Disponible gratuitement sur le site de la CRDC http://w4.uqo.ca/crdc/

En juin dernier Chantale Doucet a reçu de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) le prix de de la meilleure thèse de doctorat de l’année 2017 (10 000 $). Le prix de l’IREC est un des plus importants prix scientifiques remis annuellement dans le domaine des sciences humaines. Nos plus sincères félicitations de la part de la CRDC

[1] Rappelons que les 420 délégués réunis en congrès avaient, dès 2011, demandé à la direction de l’organisation de changer le cap initial et voté unanimement « de mettre fin aux négociations de l’UPA avec l’Association pétrolière et gazière du Québec tout en priant Québec de relier le développement de cette filière à son acceptation environnementale et sociale » (La Terre de chez nous du 8 décembre 2011).