12 membres témoignent de leur engagement et présentent leurs souhaits pour l’avenir du Fonds Solidarité Sud
C’est plutôt de la détermination qui était au rendez-vous car notre organisation, tout comme nos partenaires d’ici (SOCODEVI, UPA DI, la Caisse d’économie solidaire Desjardins de même que le FISIQ) disposent d’une relative indépendance économique et d’un solide ancrage dans des communautés et des mouvements (syndicalisme agricole, coopératives, collectifs de femmes, groupes de jeunes…).
Nous y avons discuté d’une meilleure concertation entre nous, de nouvelles stratégies de coopération économique avec nos partenaires du Sud sur un horizon d’au moins cinq ans (2025-2030). Lesquels partenaires du Sud, soit dit en passant, sont très en demande aujourd’hui d’un meilleur accès au crédit et à l’électricité, de transition sociale-écologique et de développement économique de leurs territoires. Pour en savoir plus, surveillez de très près nos prochaines infolettres qui non seulement décrivent ce qui nous faisons avec nos amis du Sud mais cherchent à marquer le pas en vous offrant le plus possible d’informations de contexte doublée d’une mise en perspective.
Voici donc douze personnes qui témoignent de leur engagement au Fonds Solidarité Sud.
Alain Roy, agroéconomiste de formation, retraité, ex-membre du CA, équipe de l’Estrie.
Mon ancrage : Cela fait environ 5 ans que je connais le Fonds Solidarité Sud (FSS). Je suis actuellement membre sympathisant et donateur. Je participe activement au comité estrien qui a pour objectif de faire connaître le rayonnement des actions solidaires du FSS. J’ai eu le privilège de participer à deux missions au Sénégal et de m’impliquer au conseil d’administration.
Quelques éléments de fierté en ce 15eme anniversaire
- La mobilisation et la générosité des membres ont permis de constituer un capital important qui procure une grande indépendance d’action au FSS via notre fonds de dotation et notre capital différé de polices d’assurance. Ce levier a permis d’établir des liens de collaboration stratégiques avec des partenaires de départ et d’expérience, dont UPA DI et SOCODEVI.
- L’activation d’un Comité recherche & développement a permis d’identifier deux clefs de développement fort important, soit l’accès à l’énergie et l’accès au crédit.
- L’expertise et la compétence disponibles au sein des membres ont permis l’implication dans différentes missions terrain et la consolidation de la mise en place du FISIQ.
Souhait d’avenir
Continuer à fédérer et à animer la plateforme d’échange avec les différents organismes de coopération internationale (OCI) pour consolider une approche de financement solidaire porteuse d’avenir.

Sylvie Brassard, enseignante au Cégep de Jonquière en travail social, retraitée, fondatrice de l’équipe du Saguenay.
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Mon parcours professionnel
Je suis retraitée de l’enseignement au Cégep de Jonquière, où j’ai œuvré dans le programme de Techniques de Travail Social jusqu’en 2007. Mon implication professionnelle m’a permis de contribuer activement à la formation des futurs intervenants et intervenantes sociaux et à la promotion des valeurs de solidarité et d’engagement communautaire.
Initiatives et engagement communautaire
En 1993, j’ai eu l’honneur de démarrer, au Cégep de Jonquière, le stage international en organisation communautaire au Burkina Faso. Ce projet s’est réalisé en partenariat avec le Centre de Solidarité du Saguenay–Lac-Saint-Jean (OCI) qui a aujourd’hui 45 ans d’existence.
J’ai également été membre du conseil d’administration du Groupe d’Économie Sociale et Solidaire Québec (GESQ), où j’ai eu la chance de collaborer avec des figures engagées telles que Louis Favreau, René Lachapelle, André Beaudoin et Gérald Larose. À ce titre, j’ai participé à la grande rencontre internationale de Dakar de 2005, une expérience enrichissante qui a renforcé mon engagement envers l’économie sociale et solidaire.
Fondation et mobilisation au Fonds Solidarité Sud
Je suis fière d’avoir été membre fondatrice du FSS au Saguenay, aux côtés de collègues enseignants et enseignantes en travail social tels que Ginette Hubert et Gilles Fradette, ainsi que des membres du département de Sciences humaines, dont Louis Pilote, Marc Rainville, Colette Fournier et Luc Boudreau. Nous avons poursuivi notre engagement en nous impliquant dans la mobilisation et l’organisation des rencontres visant à soutenir l’organisation du Fonds et sa campagne annuelle de financement. Ces rencontres étaient pour nous l’occasion de continuer à agir concrètement en solidarité avec le Sud et de maintenir vivante la mission de l’organisation.
Vision et souhaits pour l’avenir du Fonds Solidarité Sud
- Le FSS, par sa mission de développement des communautés locales, répond pleinement aux besoins de nos partenaires du Sud. Pour les prochaines années, je souhaite que le FSS poursuive sa mission et continuera à développer son partenariat avec le FISIQ (Fonds d’investissement Solidaire International du Québec) afin d’être encore plus présent dans le co-développement de communautés du Sud. Voir le projets du FISIQ au Sud à l’adresse suivante : https://fisiq.org/actualites/
- Je souhaite également voir émerger une relève afin d’assurer la continuité de l’excellent travail accompli par nos responsables actuels. J’ai d’ailleurs un souhait particulier : que davantage de femmes rejoignent nos comités et contribuent à cette belle aventure collective!
Remerciements
En terminant, j’adresse un merci tout spécial à Louis Favreau et Lucie Fréchette pour leur soutien et leur engagement indéfectible.
René Lachapelle, formation en travail social (doctorat), organisateur communautaire en CLSC, puis enseignant et chercheur à l’Université. Membre du Fonds Solidarité Sud en Montérégie (Sorel).
Pour moi, le Fonds Solidarité Sud s’inscrit dans une longue histoire. De la Rencontre de Lima en 1997, en passant par celle de Québec (2001) et de Dakar (2005) jusqu’à la rencontre du Luxembourg en 2009, le Groupe d’économie solidaire du Québec (GESQ) a œuvré au développement de coopérations Nord-Sud pour une économie sociale et solidaire (ÉSS), une économie de prise en main par les gens à la base. C’est ainsi que je suis devenu membre du premier conseil d’administration du Fonds Solidarité Sud. Par la suite, n’ayant pu poursuivre cette contribution dans la structure, mon engagement passe par une contribution mensuelle aux finances du Fonds, une contribution à laquelle que je serais bien disposé à ajouter éventuellement un investissement au FISIQ.
Ce que je trouve de plus important, c’est la transition sociale-écologique qui s’impose comme une urgence, cette dernière passant par la transformation de l’économie dont l’économie sociale et solidaire qui est une importante clé pour réaliser ce changement de système.
Ma plus grande fierté quand je regarde le Fonds Solidarité Sud, c’est premièrement qu’il a inscrit l’économie comme levier essentiel de la solidarité internationale : non pas donner à manger aux gens, mais financer leurs entreprises pour qu’eux-mêmes se donnent les moyens de se nourrir et de développer leur communauté. Deuxièmement, c’est qu’en soutenant concrètement l’essor d’une économie qui fait autrement, il contribue à réparer les injustices dans les rapports Nord-Sud. Notre prospérité ici, nous la devons beaucoup à ce que notre économie a prélevé dans les économies du Sud. Nous avons un devoir de justice. En contribuant à l’impact de l’économie sociale et solidaire dans les communautés du Sud, nous leur permettons de se donner à elles-mêmes les moyens de répondre à leurs besoins.
Quant à mon souhait pour l’avenir du Fonds, je vais reprendre le mot de Sylvie Brassard, c’est la relève, car il va y avoir de moins en moins de têtes grises – ce qui va venir tout seul – alors nous avons besoin de gens plus jeunes pour prendre la relève.
André Goyette, trésorier du Fonds, formation en psychologie et en technologie éducationnelle, gestionnaire en ressources humaines à l’Alcan, retraité. Équipe Rive-Sud de Montréal.
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Donateur, j’ai été recruté par mes amis Sylvie Brassard et Louis Pilote en 2014. Mon implication dans la gestion du Fonds Solidarité Sud a d’abord été à titre de coordonnateur d’une équipe sur la Rive-Sud de Montréal. C’est là que j’ai connu, entre autres, Yves La Neuville et Evelyne Foy. J’ai ensuite été invité par Louis Favreau à devenir membre du comité de placements du Fonds, puis membre du C.A. en 2018, puis à titre de vice-président et enfin de trésorier.
Trois éléments de la vision du FSS ont beaucoup retenu mon attention :
- Le premier a été de faire des collectivités du Sud, non pas des bénéficiaires mais des partenaires en collaboration avec nos partenaires d’ici tels que UPA DI, SOCODEVI et la Caisse d’économie solidaire Desjardins.
- Le second a été de soutenir des projets de développement, autrement dit être des architectes du développement durable et de la transition socio-écologique, non pas des pompiers de service.
- Le troisième a été de se faire les champions d’une solidarité internationale 2.0, celle qui passe par la finance solidaire. L’implication du FSS dans la mise en œuvre du FISIQ en est une belle illustration.
Ce dont je plus le plus fier des dernières années est que le FSS ait beaucoup progressé en matière d’autonomie financière et qu’il est maintenant à l’abri des décisions gouvernementales en matière de financement des organismes de coopération internationale. Puis il y a eu l’implantation d’une plateforme (sans frais) de collecte et de gestion des dons en ligne, Au départ il y a eu un peu de résistance, comme si des retraités ne pouvaient s’adapter aux nouvelles technologies. Mais c’est aujourd’hui le principal canal par lequel nous recevons nos dons. Je suis fier également que notre fonds de dotation soit investi dans un portefeuille diversifié, responsable et performant de placements chez Bâtirente, à Valeurs Mobilières Desjardins et à la Caisse d’économie solidaire Desjardins. Et que dire de l’enrichissement de notre portefeuille de polices d’assurance-vie dont le Fonds est titulaire et bénéficiaire!
Pour l’avenir, il importe d’assurer la pérennité d’une organisation telle que la nôtre, non seulement au niveau des ressources financières mais aussi au plan des ressources humaines. La moyenne d’âge du C.A. et des comités du FSS est probablement autour de 70 ans. Aussi, pour moi, c’est une préoccupation, mais pas nécessairement une inquiétude. La nomination de Nathalie, notre coordonnatrice générale, me rassure, mais le développement de la relève s’imposera de plus en plus.
Janvier Cliche, retraité, préposé aux bénéficiaires, militant syndical à la CSN, puis directeur de la Coopérative de développement régional (CDR) de l’Estrie. Aujourd’hui il a rejoint le CA du FSS à titre de vice-président et membre de l’équipe de l’Outaouais.
Je suis né dans la paroisse St-Janvier de Weedon, le 1er janvier 1950, sur la rue St-Janvier. C’est pour cela que l’on m’a appelé Janvier. J’ai d’abord été un préposé aux bénéficiaires dans un CHSLD actif pendant dix ans de 1973 à 1983 et en libération syndicale de 1983 à 2004. Il y avait là un syndicat CSN dans lequel j’ai œuvré à l’information locale à partir de 1979 pour ensuite m’impliquer au Conseil central de la CSN de l’Estrie dont j’ai été président de 1983 à 2004.
Comme président du Conseil central j’ai été présent dans plusieurs organisations régionales dont le Conseil régional de développement de l’Estrie que j’ai présidé de 1991-2004, au CA du Carrefour de solidarité international (CSI) de Sherbrooke, à la Corporation de développement économique communautaire (CDEC) de Sherbrooke, etc. Bref, la concertation et les partenariats avec les force vives du milieu local et régional ont toujours été au cœur de mes actions. Tout cela pour dire que j’ai toujours été dans le bien commun comme disais un de mes amis très capitaliste.
De 2004 à ma retraite en 2017 j’ai été directeur général de la Coopérative de développement régional de l’Estrie (CDR Estrie) et c’est dans cette période, vers 2012, que commence mon implication au Fonds solidarité Sud. Lors du Sommet international des coopératives qui s’est tenu à Québec en 2012 j’ai eu l’occasion d’entendre une intervention remarquable de Louis Favreau (alors professeur à l’UQO) et d’Ernesto Molina (alors à la maîtrise en développement coopératif à l’Université de Sherbrooke) : le message fort que j’en ai retenu ce sont les cinq pistes de dépassement proposées pour sortir des crises sociales, économiques et écologiques :
- Première piste: la démocratisation de l’économie
- Deuxième piste: repenser la solidarité et renouveler l’État social
- Troisième piste: se mettre radicalement au vert
- Quatrième piste: construire un mouvement citoyen international
- Cinquième piste: intensifier la solidarité internationale Nord-Sud
Vaste programme! Que nous retrouvons justement dans la mission du Fonds Solidarité Sud.
Mon rôle au Fonds Solidarité Sud dans les 13 dernières années
Je me suis d’abord impliqué comme participant aux 5 à 7 qui se tenaient à la CDR pour ensuite faire partie de l’équipe régionale du FSS en Estrie, puis au CA, dont je suis maintenant le vice-président depuis 2 ans. Je suis aussi représentant du FSS au comité d’investissement du Fonds d’investissement solidaire international du Québec (FISIQ).
Ce que j’apporte au FSS ce sont surtout mon expérience dans la concertation régionale et locale et mes implications dans le développement économique avec des entreprise collectives et mon expérience dans le financement de celles-ci notamment au sein du CA de Filaction (créé par Fondaction CSN pour des investissements de moins d’un million$).
Ce dont je suis le plus fier en regardant dans le rétroviseur
- Je suis particulièrement fier du travail des équipes régionales du début (Outaouais, Estrie, Saguenay-Lac-St-Jean) qui ont contribué fortement à la naissance du FSS. Pour ma part je suis heureux d’avoir pu participer au cheminement de l’équipe FSS de l’Estrie et de poursuivre maintenant avec l’équipe de l’Outaouais depuis 2022.
- En Estrie, plusieurs actions de visibilité ont été menés dont une avec les organisations communautaires via la Corporation de développement communautaire (CDC) et une avec l’UTA (Université du troisième âge), ce qui a permis de renouveler l’équipe et d’accroître sensiblement les contributions au FSS.
Ce que je souhaite pour les 15 prochaines années du FSS
- Pour les 15 prochaines années, je souhaite que le FSS demeure un Fonds autonome avec un actif trois fois plus grand avec trois fois plus de projets et cela toujours dans une approche de finance solidaire axé sur la transition sociale et écologique.
- Pour cela le travail de réflexion et d’analyse et la diffusion d’information via l’infolettre et les billets de blogue doivent toujours avoir une grande importance. Le FSS à cet égard est exemplaire parce qu’il nous permet de cerner clairement les enjeux sociaux, économiques et environnementaux au Nord comme au Sud tout en nous indiquant les pistes d’actions possibles et les bons coups qui nourrissent nos engagements et nos espoirs.
Enfin en terminant, je souhaite que le FSS puisse poursuivre encore longtemps sa mission avec de nouveaux et nouvelles recrues qui prendront la relève avec un ancrage dans toutes les régions du Québec. Merci et longue vie au Fonds solidarité sud.
Josée Cousineau, directrice générale du Carrefour Jeunesse Emploi de l’Outaouais (CJEO) nous parle de la solidarité du CJEO avec le FSS.
En savoir plus sur Josée et le CJEO >
Le Carrefour jeunesse emploi de l’Outaouais valorise la culture de donner au prochain et à inculquer à son personnel la valeur de contribuer à des causes locales et internationales de leur choix. C’est avec plaisir que les employés du CJE de l’Outaouais ont renouvelé leur engagement de soutenir la Fondation Solidarité Sud pour les 3 prochaines années. C’était tout naturel pour nous de poursuivre cette voie auquel nous contribuons depuis ses débuts. Longue vie à notre complicité !!
Le 4 novembre dernier, le Fonds Solidarité Sud était un invité du CJEO à son dîner solidaire. Le FSS y recevait comme son c’est l’habitude depuis 15 ans un don des employés et de leur fondation au FSS pour une somme de plus de 3 500$.
Roger Lecourt, spécialiste en Relations industrielles au Québec et à l’international, syndicaliste et animateur du Fonds Solidarité Sud à Québec.
Je milite au Fonds Solidarité Sud depuis 10 ans. Depuis quelques années, je suis membre du conseil d’administration et collabore à la conception et au suivi des projets que le Fonds soutient en partenariat avec SOCODEVI. Le Fonds m’a permis de découvrir l’importance de la finance solidaire. Au Sud comme au Nord, le développement et l’épanouissement des communautés passent par des activités génératrices de revenus et par le partage équitable du fruit de ces activités que permettent les entreprises coopératives et communautaires.
La pérennité du Fonds Solidarité Sud
- Outre les projets qu’il a soutenus depuis 15 ans, le Fonds a su assurer sa pérennité à un double titre et relever le défi de taille que rencontre toute nouvelle organisation de coopération internationale. D’un côté, le Fonds a toujours travaillé avec des partenaires solides et expérimentés plutôt que d’agir seul. Que ce soit avec UPA Développement international, SOCODEVI ou la Caisse d’économie solidaire Desjardins. Ces partenariats se sont approfondis au gré du temps et ont conduit à des projets communs d’une durée d’au moins trois ans. Le Fonds a également contribué de manière soutenue à la création du FISIQ, un outil essentiel de cofinancement et de cautionnement des entreprises d’économie sociale et solidaire du Sud.
- D’un autre côté, le Fonds s’appuie sur un financement autonome et à long terme de son activité, notamment grâce à plusieurs polices d’assurance-vie souscrites par des groupes de donatrices et donateurs. Outre qu’il s’inscrit dans la durée, les finances du Fonds sont à l’abri des soubresauts et mauvaises surprises de fonds publics.
À l’horizon des 15 prochaines années, l’enjeu de la relève se profile puisqu’une nouvelle génération devra remplacer graduellement celle qui a créé le Fonds. Tout en maintenant le cap sur les assises en place, la génération qui prendra la relève saura sans doute faire face aux défis que confrontera la coopération internationale en cette période où les transformations et les bouleversements à venir, les prévisibles comme les imprévisibles, ne manqueront pas.
Sambou Ndiaye, coordonnateur des conseils de quartier de Saint-Louis, au Sénégal, devenu par la suite enseignant-chercheur en sociologie à l’Université Gaston Berger après avoir terminé ses études doctorales au Québec. Il s’adressait à nous en direct de Saint-Louis.
Je voudrais d’abord saluer chaleureusement les professeurs Lucie Fréchette et Louis Favreau que j’ai eu la chance de côtoyer régulièrement au Québec pendant mes années d’études doctorales notamment dans le cadre de la Chaire de recherche en développement des collectivités de l’UQO qu’ils animaient. Puis au Sénégal lors de leur séjour à Saint-Louis et à Dakar en 2005 et 2011 à l’occasion de rencontres internationales sur l’économie sociale et solidaire.
Ceci étant dit, des interventions du Fonds de Solidarité Sud, trois éléments ont particulièrement retenu mon attention tout au long de son parcours :
- La pertinence et la portée des domaines investis notamment autour de la transition écologique avec une orientation foncièrement économique, se détachant ainsi des logiques de survie et de l’« assistantialisme ».
- La démarche d’appui et d’accompagnement misant sur le renforcement des capacités de résilience des communautés et valorisant les partenaires locaux. Au Sénégal, la collaboration soutenue avec l’Union régionale des associations paysannes de Diourbel (URAPD) et le Conseil national de coopération et de concertation des ruraux (CNCR) ont été déterminantes dans les résultats atteints, mais surtout reste garante de la viabilité et de la pérennité des actions.
- Le ciblage particulièrement pertinent en direction des groupes d’acteurs de l’Afrique qui se refait. Au regard de la difficulté à identifier les acteurs clés dépositaires d’enjeux et développant une capacité d’innovation et de résilience, le ciblage des territoires qui gagnent et des acteurs qui refusent la victimisation en s’engageant dans une dynamique d’auto-promotion s’avère particulièrement déterminante à la réussite des interventions.
En perspective, je souhaiterais inviter le Fonds à mieux appréhender trois leviers :
- La mise en place d’unités solarisées de stockage, de conditionnement et de transformation des produits locaux dont l’effet structurant sur l’économie locale, la résilience des ménages et des femmes est bien établie.
- L’accompagnement des acteurs à la transition énergétique dans une perspective d’économie circulaire valorisant les déchets ou sous-produits ou misant sur la mixité énergétique.
Le renforcement de capacités autour des outils de marketing digital pour diversifier l’accès aux marchés.
Lucie Fréchette, psychologue de formation, professeure émérite de l’UQO (travail social) et secrétaire générale du Fonds Solidarité Sud.
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Bâtir un avenir à la hauteur de nos espoirs
Le Fonds fête ses 15 ans. Un bel événement…. Mais il faut savoir que tout a commencé par une gestation de trois ans. En 2006, tout comme Louis, j’étais fortement engagée dans la recherche à l’échelle internationale avec des collègues européens mais surtout africains et latino-américains. Cela m’a permis de connaître de l’intérieur des pays comme le Sénégal, le Pérou, le Chili et d’autres. L’idée m’est venue avec Louis de concevoir un projet de retraite qui miserait sur ces liens et contribuerait à développer des formes renouvelées de solidarité internationale.
Plusieurs amis ont alors trouvé intéressant notre projet de retraite et s’y sont rapidement associés. C’est ainsi qu’une rencontre de gens réunis par Sylvie et Louis au Lac Kénogami a jeté les premiers jalons d’un projet au Saguenay. Ils ont été rapidement suivis par René Lachapelle et Louise Beauchesne en Montérégie (Sorel), Réjean Mathieu et Gérald Larose à Montréal, Ernesto Molina et Clément Mercier à Sherbrooke, Luc Lacroix et Robert Beauchamp en Outaouais.
Le Fonds Solidarité Sud est alors devenu progressivement un projet à l’échelle du Québec dès 2007 Un bref moment associé à un autre organisme de coopération internationale, nous avons toutefois rapidement compris qu’il était nécessaire d’avoir notre autonomie pour véhiculer nos valeurs, notre orientation socio-économique et notre indépendance. Fort de cet élan dans diverses régions du Québec, le Fonds Solidarité Sud devenait une organisation reconnue au Québec et au Canada en 2010, d’où notre 15e anniversaire aujourd’hui.
Je suis en harmonie avec tous les témoignages précédents. Je veux cependant insister sur le fait que nous sommes nombreux à avoir contribué à faire du Fonds Solidarité Sud une organisation solide et inspirante. Créer une telle organisation exigeait des compétences, de la créativité et de la solidarité. Outre les membres de notre conseil d’administration, des femmes et des hommes engagés ont été actifs dans des comités novateurs :
- Evelyne Foy, Gilles Fradette et Ginette Hubert à l’information;
- Sylvie Brassard, Louis Pilote, Marc Rainville, Ernesto Molina et Clément Mercier dans la mise en place d’équipes régionales;
- Yves Laneuville et Gérald Larose dans notre relation avec la Caisse d’économie solidaire et les retraités-es de la CSN;
- Certains sont allés en mission au Sud dont, parmi d’autres, Nathalie McSween devenue notre coordonnatrice, Marisa Gutierrez, Marie-Rose Fragé, Jeanne Dancette, Alain Roy et Milder Villegas;
- Michel Leclerc (Québec) a fait croître le don mémoire;
- Esther Harvey (Saguenay) nous a nourri de ses talents de photographe.
On ne peut tous les nommer mais nous y retrouverions facilement une cinquantaine de personnes en plus de nos collaborateurs du Sud. Parmi ces derniers, nommons ceux de l’ère des pionniers tels Maria Peralta et Julio Abeillera au Pérou et au Chili, Sambou Ndiaye au Sénégal et le cher Abdou Salam Fall, récemment décédé, lui aussi du Sénégal, collaborateur pendant plus de deux décennies avec le Québec.
Notre organisation est aussi forte de ses partenariats pour faire avancer la coopération économique avec nos partenaires du Sud dont nous faisons la promotion depuis nos débuts. Je pense à SOCODEVI, à UPA DI et au FISIQ qui, avec nous, participent de cette « révolution tranquille » oserais-je dire, au sein de la solidarité internationale québécoise.
En ce 15e anniversaire, je souhaite également rappeler le souvenir de quelques-uns de nos bâtisseurs aujourd’hui décédés. Je songe ici à Gabriel Gaudet de Granby, à Louise Beauchesne de Sorel, à Luc Lacroix de l’Outaouais et à Yves LaNeuville de Longueuil.
Le FSS c’est une solidarité solide et novatrice avec le Sud et une solidarité entre nous au Québec. Solidarité qui nous a mené à développer une organisation qui, après 15 ans, est source de fierté. Le passé me permet d’être confiante que nous serons tous fiers de ce que le FSS deviendra au cours des 15 prochaines années !

Photo : discussion animée avec une amie de SOCODEVI présente au RDV du 21 octobre, Annik Giguère, responsable du projet d’assurance agricole accessible à des collectifs de femmes agricultrices au Sénégal piloté conjointement par SOCODEVI et le FSS.
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Louis Favreau, sociologue de formation et organisateur communautaire, professeur émérite de l’UQO (travail social), auteur et président du Fonds Solidarité Sud.
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Je suis très fier du chemin parcouru par le Fonds Solidarité Sud dans ses 15 premières années et de savoir qu’il a les reins assez solides pour continuer quand le groupe des fondateurs ne sera plus de ce monde. C’est dans la prochaine décennie, à mon avis, que le FSS va pouvoir donner sa pleine mesure. Et ce, notamment parce que nous travaillons beaucoup en partenariat et que nous recherchons le maximum d’impact social de nos interventions par le changement d’échelle et/ou le travail multi-échelle, c’est-à-dire en partant d’expériences « micro », mais intégrées dans un environnement plus large, ce que les coopératives et les organisations paysannes peuvent offrir.

Nos fondateurs, Lucie et Louis, soufflent les bougies du 15e
Gérald Larose, président de la CSN de 1983 à 1999, puis professeur invité à l’UQAM en travail social, membre de la direction de la Caisse d’économie solidaire Desjardins, membre du FSS depuis ses débuts. Une grande entrevue avec Gérald est en chantier. Sa publication est prévue pour notre infolettre de février 2026.
Dès que le projet de création du Fonds Solidarité Sud a été énoncé, au début des années 2010, je me suis senti interpelé. Le FSS est une innovation sociale dans la continuité de l’engagement que des militant.es ont eu toute leur vie. Ils et elles peuvent contribuer en continuant à militer en faisant militer leur argent. Avec le FSS et la finance solidaire, on donne des mains à la solidarité.
Au plan international, l’action des ONG vise d’abord à donner, mais le don est vite un défaut si on oublie qu’il ne suffit pas de donner. Il faut aider les gens à s’outiller pour qu’ils n’aient plus besoin de nous. Avec les fonds mis à disposition des acteurs de l’économie sociale et solidaire du Sud par le FSS et les prêts du FISIQ, on peut y arriver. L’argent circule de manière à renforcer les collectivités, c’est ça qui est le plus important, c’est dans ce sens-là, qu’on donne des mains à la solidarité.
Face à la crise internationale actuelle, une lueur d’espoir pointe quand même! Je reviens tout juste du Forum mondial sur l’économie sociale à Bordeaux, auquel participaient 10 800 personnes représentantes de 907 villes et de 109 pays. J’ai pu y constater beaucoup d’initiatives, d’innovations et une volonté ferme de faire les choses autrement.
Nathalie McSween, formation en sciences sociales (doctorat) à l’UQO, coordonnatrice de la Table de concertation la faim et le développement social de l’Outaouais, coopérante volontaire au Sénégal et au Pérou. Coordonnatrice du FSS depuis près de cinq ans et déléguée du FSS au conseil d’administration du FISIQ, où elle assume la fonction de trésorière.
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Ce qui m’a fascinée dès le départ dans l’approche du Fonds Solidarité Sud est le fait qu’il s’agisse d’une fondation d’économie solidaire et d’un fonds de dotation, donc d’un outil financier permettant d’intervenir autrement – et longtemps – pour le développement des communautés du Sud. J’ai aussi choisi le Fonds pour les gens qui y sont, des personnes des milieux communautaire, coopératif, femmes et syndical, engagées dans la solidarité économique, ce qui n’est pas commun dans les organismes de coopération internationale.
Il s’agit d’une approche structurante pour les communautés parce qu’elle s’inscrit dans la durée. Le Fonds a une approche innovante, inédite. Le travail de partenariat avec d’autres OCI est aussi une autre particularité du Fonds. On y fait même du co-développement de projets. On est à l’avant-plan des changements. La contribution du Fonds à la mise sur pied du FISIQ (Fonds d’Investissement Solidaire International du Québec) en est un bel exemple.